samedi 27 juin 2009

Second thoughts

Il faut se méfier des textes que l’on cite souvent hors contexte et dont on oublie parfois le sens premier. Un bel exemple se trouve dans le chapitre neuvième de l’épître aux Hébreux, aux versets 27 et 28 :

Et tout comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois – après quoi vient le jugement – de même aussi le Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés d’une multitude, apparaîtra une seconde fois, en dehors du péché, pour ceux qui l’attendent en vue du salut.

J’ai souvent utilisé le verset 27 comme argument biblique contre la doctrine de la réincarnation, et il peut certainement servir en ce sens. Mais il s’agit d’un obiter dictum, d’une affirmation faite presque en passant, et certainement pas du cœur du message que veut nous transmettre l’auteur de l’épître.

Au cœur du message se trouve plutôt un parallélisme intéressant

Mort unique de l’homme – Don unique du Christ
Jugement – Seconde venue du Christ

Je trouve la deuxième partie du parallélisme assez surprenante. Je me serais attendu plutôt à une assimilation du jugement à la résurrection du Christ, qui constitue en quelque sorte le jugement de Dieu, son approbation de l’œuvre du Fils. Or l’auteur de notre épître souligne une correspondance entre le jugement qui attend les hommes et la venue glorieuse du Christ. Et il ne souligne même pas la venue du Fils aux fins du jugement, mais sa venue en vue du salut de ceux qui l’attendent.

Calvin a une lecture originale : « Le sens est celui-ci : puisque nous attendons avec patience le jour du jugement après la mort de l’homme, … pourquoi y aurait-il moins de patience en l’attente du second avènement du Christ ? » J’avoue ne pas être convaincu, car le jugement n’est mentionné qu’en passant, sans aucune référence à l’attente de celui-ci.

Après avoir feuilleté le livre d’Albert Vanhoye sur la structure littéraire de l’épître aux Hébreux, je me demande si le parallélisme donné plus haut ne nous engage pas sur une mauvaise voie. Peut-être faudrait-il plutôt voir les choses comme suit :

Mort unique de l’homme – Don unique du Christ
Jugement – Salut.

L’homme ne meurt qu’une fois. Après, c’est le jugement qui l’attend.
Cette perspective change avec l’œuvre du Christ.
Sa mort – unique, elle aussi – ouvre un nouvel horizon : le salut, pour ceux qui l’attendent.

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