samedi 11 avril 2009

Du bon ... dans le cochon

Je viens de relire la liste des animaux purs et impurs dans le chapitre 11 du Lévitique. Il y a des gens – j’en connais – qui cherchent à y trouver une explication rationnelle, en élaborant des modèles assez étonnants. Et c’est vrai que la question se pose : Pourquoi certains animaux sont-ils déclarés purs, c’est-à-dire aptes à servir de nourriture au peuple d’Israël, alors que d’autres sont déclarés impurs ?

Sylvain Romerowski a proposé une solution fort intéressante à ce problème. Pour lui, tout commence lors de la chute d’Adam, qui entraîne la malédiction de la terre (Gn 3.17). Celle-ci impliquerait l’impureté (l’inaptitude à jouer un rôle dans le cadre du culte) de tous les animaux. Or Israël est appelé à être un royaume de prêtres et une nation sainte (Ex 19.6) ou un peuple saint (Dt 7.6), c’est-à-dire un peuple capable de rendre un culte acceptable à Dieu. Dieu aurait donc déclaré purs certains animaux pour que son peuple ait la liberté d’en consommer.

La force de cette explication réside dans le fait qu’elle explique merveilleusement bien la disparition d’interdits alimentaires dans la Nouvelle Alliance inaugurée par la mort de Jésus. Cette mort réconcilie l’homme et la création dans son ensemble avec Dieu :

Car il a plu à Dieu de faire habiter [dans le Fils] toute plénitude
et, par lui, de tout réconcilier avec lui-même,
aussi bien ce qui est sur la terre que
ce qui est dans les cieux,
en faisant la paix par lui,
par le sang de sa croix.
(Col 1.19s)

La malédiction cesse donc, et avec elle l’impureté. Et Paul peut écrire : Mangez de tout ce qui se vend au marché, sans poser aucune question par motif de conscience … (1 Co 10.25)

La déclaration de pureté de certains animaux dans le Lévitique apparaît ainsi comme une anticipation, un peu comme le don de l’Esprit aux hommes et femmes de Dieu de l’Ancienne Alliance.

Si on prend un peu de recul, on aperçoit un mouvement parallèle. Dieu choisit d’abord Israël, mais ce n’est qu’une anticipation. Dans le nouveau régime inauguré par le Christ, le cadre de l’alliance est étendu aux païens. Ceux qui étaient impurs auparavant deviennent aptes à rendre un culte à Dieu. Du coup, les murailles de séparation doivent tomber, dont le régime alimentaire.

Je trouve ces explications très élégantes et lumineuses. Romerowski met en évidence un lien très profond. Ceci étant dit, sa thèse suscite plusieurs questions, et notamment : La malédiction de la création implique-t-elle son impureté ? Si oui, pourquoi Dieu ne déclare-t-il pas purs (et impurs) certains végétaux ? Et : Si tous les animaux étaient impurs / inaptes au culte, pourquoi le sacrifice d’Abel (Gn 4.4) a-t-il pu être agréé ?

En attendant de trouver les réponses à ces questions, je me réjouis du fait qu’il y a du bon … dans le cochon.

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