vendredi 25 septembre 2009

Métiers bibliques : sage-femme


La sage-femme fait partie des métiers qui apparaissent discrètement dans la Bible. A vrai dire, il n’en est question que dans les deux premiers livres de l’AT. Le mot traduit par sage-femme (מְיַלֶּדֶת) est un participe de la forme verbale signifiant aider à accoucher. La sage-femme est donc littéralement celle qui aide à accoucher.

La première sage-femme qui apparaît dans les textes reste anonyme. Elle aidera Rachel à donner naissance à Benjamin et l’encourage :

Pendant les douleurs de l’accouchement, la sage-femme lui dit : « N’aie pas peur, tu as encore un fils ! » (Gn 35.17)

Cette parole un peu énigmatique semble se fonder sur le fait qu’en lui donnant un deuxième fils, Dieu a exaucé la prière de Rachel (Gn 30.24). Celle-ci ne pourra cependant pas s’en réjouir, car elle meurt des suites de cet accouchement.

Un peu plus loin dans la Genèse, nous rencontrons une autre sage-femme lors de la naissance des jumeaux que Tamar a eus avec son beau-père Juda. On y lit : 

Pendant l’accouchement il y en eut un qui présenta la main; la sage-femme la saisit et y attacha un fil écarlate en disant : « Celui-ci est sorti le premier. » Mais il retira la main, et son frère sortit. Alors la sage-femme dit : « Quelle brèche tu t’es ouverte ! » Et il l’appela du nom de Pérets (« Brèche »). (Gn 38.28s)

Là encore, la sage-femme – anonyme – prononce une parole lourde de sens, et elle se trouve même à l’origine du prénom d’un des enfants.

Le troisième et dernier texte biblique évoquant les sages-femmes est en même temps le plus connu. Il nous raconte l’histoire de deux femmes courageuses, et cette fois-ci nous connaissons même leurs noms. 

Le roi d’Egypte parla aussi aux sages-femmes des Hébreux – l’une se nommait Shiphra et l’autre Poua. Il leur dit : « Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux et que vous les verrez sur les sièges, si c’est un garçon, faites-le mourir ; si c’est une fille, qu’elle vive. » Mais les sages-femmes craignirent Dieu ; elles ne firent pas ce que leur avait dit le roi d’Egypte; elles laissèrent vivre les enfants. Le roi d’Egypte appela les sages-femmes et leur dit : « Pourquoi avez-vous agi ainsi ? Pourquoi avez-vous laissé vivre les enfants ? » Les sages-femmes répondirent au pharaon : « C’est que les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Egyptiennes ; comme elles sont pleines de vie, elles accouchent avant l’arrivée de la sage-femme. » Dieu fit du bien aux sages-femmes; le peuple se multiplia et devint très fort. Parce que les sages-femmes avaient craint Dieu, il leur donna une famille. (Ex 1:15-21)

Comme le suggère Abraham Ibn Ezra, ces deux femmes admirables sont probablement les surveillantes des sages-femmes des Israélites, car on imagine mal que deux femmes auraient suffi pour s’occuper d’une population aussi importante.

D’ailleurs, le terme traduit ici par sièges (אֲבְנָיִם), littéralement « deux pierres », nous renseigne probablement sur des techniques d’accouchement en usage à l’époque. Il semblerait que les femmes accouchaient appuyées sur des paires de briques.

Curieusement, ce sont les dernières sages-femmes que nous croisons dans la Bible. Il y a toutefois des textes qui nous renseignent sur les tâches qu’elles accomplissaient, comme ce verset chez Ezéchiel : 

A ta naissance, au jour où tu naquis, ton cordon n'a pas été coupé, tu n'as pas été lavée avec de l'eau pour être purifiée, tu n'as pas été frottée avec du sel, tu n'as pas été enveloppée dans des langes. (Ez 16.4)

A cela, il faut peut-être encore ajouter la tâche d’annoncer la naissance (et le sexe de l’enfant) au père, qui semble exclu de l’accouchement (cf. Jr 20.15). Mais en dehors de ces quelques allusions, les sages-femmes restent dans l’ombre. On notera aussi que le Nouveau Testament est totalement silencieux à l’égard de cette profession méritante.

Nous verrons une autre fois que ce silence sera plus que comblé par d’autres auteurs ...

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