mercredi 12 août 2009

Eve - la première pomme-pomme girl ?

YHWH Dieu donna cet ordre à l’homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. (Gn 2.16s)

Qui ne connaît pas ces versets de la Genèse ? Malheureusement, on connaît aussi la suite :

La femme vit que l’arbre était bon pour la nourriture et plaisant pour la vue, qu’il était, cet arbre, désirable pour le discernement. Elle prit de son fruit (מִפִּרְיוֹ) et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. (Gn 3.6)

On sait aussi que dans la conscience collective occidentale, le fruit (פְּרִי) s’est transformé en pomme, pour des raisons que j’ignore. La pomme est donc omniprésente dans l’iconographie, comme dans le tableau de Lucas Cranach ci-dessus. Récemment, en lisant l’Apocalypse grecque de Baruch, un pseudépigraphe qui pourrait dater du deuxième siècle de notre ère, j’ai trouvé un texte qui rompt le consensus pommier. Baruch est conduit par un ange à travers les différents cieux. Arrivé au troisième ciel, il pose une question à l’ange :

Et moi, je dis : « Je t’en prie, montre-moi l’arbre qui a égaré Adam. » Et l’ange dit : « C’est la vigne que l’ange Samaël a plantée – ce dont le Seigneur Dieu fut irrité – ; et il le maudit, lui et sa plante. Pour la même raison, il ne permit pas à Adam d’y toucher. C’est aussi la raison pour laquelle le diable, saisi de jalousie, le séduisit par sa vigne. » (IV.8 ; traduction de Jean Riaud)

Convaincu que les rabbins ont également réfléchi à notre problème fruitier, je me suis mis à la recherche et j’ai trouvé un texte qui confirme mon intuition. Il s’agit du Commentaire sur la Torah (Tseenah Ureenah) de Jacob Ben Isaac Achkenazi de Janov, un commentaire en yiddish du Pentateuque. On y lit :

Certains sages disent que l’arbre était un figuier dont ils arrachèrent les feuilles pour se cacher le sexe. En effet, dès qu’ils eurent mangé des fruits de l’arbre de la connaissance, leurs yeux s’ouvrirent et ils eurent honte d’aller nus. D’autres sages disent que l’arbre était une vigne. Eve pressa des grappes de raisin et elle donna du jus rouge à boire à Adam ; voilà pourquoi le commandement sur l’impureté fut ordonné, car, des femmes, coule du sang rouge. D’autres sages disent que c’était un cédrat ; d’où la coutume, chez les femmes, de prendre un cédrat, d’en arracher la tige le septième jour de la fête des Tabernacles, de rendre la charité qui sauve de la mort, et d’implorer Dieu qu’Il protège les enfants qu’elles portent. Si Eve n’avait pas mangé la pomme, chaque femme aurait pu enfanter facilement comme une poule pond un œuf, sans douleur. Dans certaines communautés, la femme enceinte récite la prière suivante lorsqu’elle arrache la tige du cédrat à la fin de la fête des Tabernacles : « Maître de l’univers, Eve a mangé la pomme et pourquoi nous, les femmes, devrions-nous endurer une douleur mortelle en donnant naissance à nos enfants ? Si je m'étais trouvée avec Eve, je n’aurais pas touché le fruit pour le déguster. Pendant sept jours, comme le prescrit le commandement, je n’ai pas arraché la tige du cédrat afin de ne pas le rendre impropre. Aujourd’hui, c’est le dernier jour de la fête des Tabernacles ; il n’est plus nécessaire de respecter ce précepte. Aussi vais-je casser la tige du fruit sans toutefois me hâter de le manger. Tu vois que je ne me réjouis pas en sectionnant cette tige, de même que je n’aurais pas pris plaisir à croquer la pomme que tu avais interdit de manger. (ad loc. ; traduction de Jean Baumgarten)

Gageons qu’avec de tels antécédents, le mythe de la pomme a de beaux jours devant lui.

2 commentaires:

  1. Est-ce que Adam avait déjà connu ce qu'est la mort en ce temps-là ? sinon c'est blabla.

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  2. Je pense que oui.

    Gn 3.21 : Yhwh fit à l'homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit.

    Qui dit peau dit a priori bête morte, me semble-t-il.

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