lundi 31 août 2009

David et la boule de cristal

On sait que David a beaucoup souffert sous le roi Saül, au point de prendre la fuite et de constituer une bande de desperados. Pendant cette période extrêmement difficile pour le futur roi, il y a un petit épisode intéressant que nous rapporte le premier livre de Samuel :

7 On dit à Saül que David était arrivé à Qéila. Alors Saül dit : « Dieu me l’abandonne, car il est venu s’enfermer dans une ville qui a des portes et des verrous. » 8 Alors Saül battit le rappel de tout le peuple pour la guerre, afin de descendre à Qéila et d’assiéger David et ses hommes. 9 David eut connaissance du mal que Saül tramait contre lui; il dit à Abiathar, le prêtre : « Apporte l’éphod ! »

10 David dit : « YHWH, Dieu d’Israël, moi, ton serviteur, j’ai appris que Saül cherche à venir à Qéila pour détruire la ville à cause de moi. 11 Les autorités de Qéila me livreront-elles à lui ? Saül descendra-t-il, comme je l’ai appris ? YHWH, Dieu d’Israël, je t’en prie, dis-le-moi ! »

YHWH répondit : « Il descendra. »

12 David dit encore : « Les autorités de Qéila me livreront-elles, moi et mes hommes, à Saül ? »

YHWH répondit : « Elles te livreront. »

13 Alors David et ses hommes, environ six cents hommes, quittèrent Qéila et s’en allèrent où ils purent. On dit à Saül que David s’était échappé de Qéila, et il renonça à son expédition.
(1 S 23.7-13)

Bien que j’aie souvent lu ce texte, je n’avais encore jamais vu la difficulté logique qu’il comporte.

David consulte Dieu pour savoir si Saül viendra contre Qéila, la ville où il s’est réfugié. Dieu lui répond que oui, suite à quoi David quitte Qéila. Par conséquent, Saül renonce à son expédition. Stricto sensu, la réponse à David aurait donc dû être « Saül ne descendra pas. » Mais si David avait eu cette réponse, il ne serait pas parti de Qéila, et Saül serait bel et bien venu.

La situation est telle que la réponse de Dieu sera ‘fausse’, qu’elle soit « oui » ou « non ». Dans ce dilemme, Dieu choisit la réponse qui sauve David d’une mort certaine.

Cette histoire illustre bien qu’il serait erroné de voir dans tous les oracles de Dieu l’annonce d’un avenir immuable. Il y a parfois des conditions « cachées », sous-jacentes. David semble avoir compris cela. Ayant reçu comme réponse divine que Saül arriverait et que les responsables de la ville le livreraient, il aurait pu perdre courage. Or il ne s’est pas abandonné au fatalisme, en attendant Saül à Qéila, mais il a aussitôt quitté la ville, comme si Dieu lui avait répondu : « Si tu restes ici, Saül viendra. »

Il y a peut-être là de quoi inspirer notre propre comportement face à certaines prédictions très sombres de l’Ecriture.

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