lundi 25 mai 2009

Petit traité de natation biblique

Quiz pour connaisseurs confirmés de la Bible : quels sont les textes bibliques où l’on nage ?

• Il y a bien sûr le récit de Simon Pierre qui se rend compte que le Christ ressuscité se trouve au bord du lac et qui le rejoint à la nage. Mais à regarder de près, le texte en question (Jn 21.7) ne comporte pas le verbe ‘nager’ : Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur ! Quand Simon Pierre eut entendu que c’était le Seigneur, il attacha son vêtement à la ceinture – car il était nu – et il se jeta (έβαλεν) à la mer.

• Sauf erreur, le seul passage dans le NT qui évoque l’action de nager, se trouve dans les Actes des apôtres. Paul est sur le point d’être transféré à Rome, quand le bateau qui le transporte rencontre des difficultés. La situation est critique : Les soldats avaient décidé de tuer les prisonniers, de peur que l’un d’eux ne s’échappe à la nage (εκκολυμβήσας). Mais le centurion, qui était décidé à sauver Paul, les a empêchés de mettre leur décision à exécution. Il a donné l’ordre à ceux qui savaient nager (κολυμβαν) de se jeter les premiers à l’eau pour gagner la terre. (Ac 27.42s)

• Jonas, malgré ses aventures maritimes, ne semble pas avoir eu à nager. A peine jeté dans l’eau par ses compagnons d’infortune, il est avalé par le fameux poisson : … ils prirent Jonas et le lancèrent à la mer, et la fureur de la mer s'arrêta. […] YHWH fit intervenir un grand poisson qui engloutit Jonas, …. (Jon 1.15 ; 2.1) Et la fin de l’épisode est résolument sèche : YHWH parla au poisson, qui vomit Jonas sur la terre ferme. (Jon 2.11)

• Sinon, dans l’AT, il y a une vision magnifique d’Ezéchiel. Le prophète examine un fleuve qui sort du Temple et qui devient de plus en plus profond. [L’homme] mesura encore mille coudées ; c’était un torrent que je ne pouvais traverser, car l’eau était si profonde qu’il fallait y nager (שָׂחוּ ; l’hébreu utilise ici le nom natation et non pas le verbe) ; c’était un torrent qu’on ne pouvait traverser. (Ez 47.5)

• Le verbe nager (שׂחה) apparaît deux fois dans l’AT. Une fois dans sous une forme quelque peu cachée, dans le Psaume 6, verset 7 : Je me fatigue à force de gémir / chaque nuit je baigne (אַשְׂחֶה) mon lit de mes pleurs / j’arrose mon lit de mes larmes. La forme du verbe (hifil) est la forme causative : à titre d’exemple, le hifil du verbe ‘sortir’ exprime l’action de ‘faire sortir’. Selon le dictionnaire de Reymond le hifil de ‘nager’, c’est ‘obliger à nager’ et par extension ‘inonder’. On aurait donc pu préférer la traduction j’inonde mon lit de mes pleurs.

• Le verbe apparaît aussi dans un oracle d’Esaïe contre Moab (Es 25.10-12). Mais comme ce texte est aussi impressionnant que peu connu, je lui consacrerai un billet à part.

• Enfin, pour être complet, dans certaines traductions de la Bible (comme par exemple la NBS), un verset d’Ezéchiel où Dieu menace le pharaon (Ez 32.6) est traduit par : j’arroserai de ton sang le pays où tu nages, jusqu’aux montagnes, tu rempliras tes ravins. Mais le mot qui est traduit ici par où tu nages (צָפתְךָ) est un mot qui n’apparaît qu’une fois dans l'AT et n’a probablement rien à voir avec l’action de nager. Il pourrait se référer à des excréments. Block pense que l’image montre « la terre qui boit les excréments, le sang et d’autres fluides corporels qui se déversent quand un animal est abattu ». Tout baigne ...

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