vendredi 15 mai 2009

Sexe, culte et impureté

Je suis toujours surpris quand on accuse la foi chrétienne d’être hostile à la sexualité. Une foi qui compte un ouvrage sensuel (pour ne pas dire érotique) comme le Cantique des cantiques parmi ses textes sacrés ne semble pas mériter ce reproche. Et même si des chrétiens ont pu être sérieusement « coincés » (y compris des théologiens de génie comme St Augustin, que son platonisme a poussé sur cette voie), un retour aux sources les aurait protégés.

Il n’est pas moins vrai que certains textes de l’Ecriture semblent, à première lecture, suggérer que la sexualité est sale. Je pense notamment à ce texte du Lévitique :

Lorsqu’un homme a des rapports sexuels avec une femme, ils se laveront avec de l’eau et seront impurs jusqu’au soir. (Lv 15.18)

Gordon Wenham, à qui j’ai fait allusion dans un billet précédent, associe l’impureté à la mort. Pour lui, les pertes corporelles (sang, sperme) signifient que la personne a perdu un peu de sa vie qui était en elle, ce qui la rapproche de la mort. Je suis mal à l’aise avec cette théorie qui me fait davantage penser aux concepts animistes qu’à la théologie biblique. Et même si on l’admet, les rapports sexuels ne rendraient impur que l’homme, pas sa partenaire. Plus généralement, je ne vois pas comment on arriverait par ce biais à la conclusion que la sexualité rend impur, alors que la sexualité est intrinsèquement liée à la procréation (et donc à la vie), bien plus qu’à la mort.

Mon explication est plus (peut-être trop) simple. Comme je l’ai déjà dit, je pense que la notion d’impureté est liée à l’aptitude au culte. Je pense que Dieu a voulu éviter qu’Israël penche du côté des cultes de fertilité, omniprésents en Canaan. Ces cultes associaient la sexualité au culte, comme en témoigne l’institution de la prostitution sacrée. En déclarant impur, et donc inapte au culte, celui qui vient d’avoir des rapports sexuels, Dieu a érigé un garde-fou puissant contre toute dérive « fertilisante ».

Si j’ai raison, le texte du Lévitique ne dit donc rien sur la pureté ou la saleté de la sexualité en tant que telle. Il érige simplement un mur de la séparation entre sexe et culte. La sexualité se trouve désacralisée, le culte désexualisé. Celui qui en tire la conclusion que la sexualité est quelque chose de sale, fait preuve d’une légèreté exégétique coupable.

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