lundi 9 mars 2009

Foi de corbeau

Je suis en train de lire la finale fracassante du livre de Job, et c’est là que je suis tombé sur un verset qui m’a intrigué.

Dépassé par les malheurs qui s’abattent sur lui, sans raison apparente, Job a exprimé sa volonté de débattre avec Dieu. Mais quand la rencontre se fait, les choses ne se passent pas comme Job l’avait prévu. C’est Dieu qui l’inonde d’une multitude de questions. Comme s’il voulait lui dire : « Toi qui sais si peu de choses sur le monde qui t’entoure, comment veux-tu comprendre mon action ? » Et parmi ces questions, voici celle qui a retenu mon attention :

Qui prépare au corbeau sa pâture
Quand ses petits appellent Dieu au secours

Errants, sans rien à manger ?
(Jb 38.41)

Le lecteur attentif de la Genèse sait que la terre est maudite depuis la chute d’Adam (Gn 3.17). Elle se refuse à l’homme, ne lui livre ses fruits qu’en échange d’un dur labeur. Paul dira que la création toute entière a été soumise à la vanité et qu'elle soupire et souffre les douleurs de l’accouchement (Rm 8.20,22), allusion évidente à Gn 3.16. L’image dans la question de Dieu à Job me semble aller au-delà : les petits du corbeau appellent au secours (יְשַׁוֵּעוּ), ce n’est pas un soupir inarticulé mais un cri de détresse de la créature qui souffre, errant sur la terre frappée de la malédiction divine, à la recherche de nourriture. Gageons que ce cri ne tombe pas dans les oreilles d’un sourd.

Ne vend-on pas deux moineaux pour un as ? Cependant il n’en tombe pas un seul à terre indépendamment de votre Père. […] N’ayez donc pas peur : vous valez plus que beaucoup de moineaux. (Mt 10.29,31)

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