dimanche 8 mars 2009

Loi et Foi

Parmi les sujets d’étude les plus passionnants que nous offre le Nouveau Testament, il y a les citations qu’il fait de l’Ancien. Celui qui s’arrête dans sa lecture pour creuser un peu, est souvent richement récompensé. Parfois, il se trouve néanmoins devant de vrais problèmes de compréhension.

Le début du chapitre 10 de l’épître aux Romains en donne un bel exemple. Nous y lisons :

5 En effet, Moïse écrit à propos de la justice qui vient de la loi : L’homme qui fera ces choses vivra par elles. 6 Mais voici comment parle la justice qui relève de la foi : Ne dis pas en ton cœur : Qui montera au ciel ? – c’est-à-dire : pour en faire descendre le Christ – 7 ou : Qui descendra dans l’abîme ? – c’est-à-dire : pour faire remonter le Christ d’entre les morts. 8 Que dit-elle donc ? La Parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur – c’est là la parole de la foi, que nous proclamons. 9 En effet, si, avec ta bouche, tu reconnais en Jésus le Seigneur, et si, avec ton cœur, tu crois que Dieu l’a réveillé d’entre les morts, tu seras sauvé.

Ce texte contient plusieurs citations de (ou du moins allusions à) l’Ancien Testament, mais nous nous contenterons d’en soulever une seule. Celle des versets 6 et 7, qui évoque Dt 30.11-14 :

11 Car ce commandement que j’institue pour toi aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ta portée. 12 Il n’est pas dans le ciel, pour que tu dises : « Qui montera pour nous au ciel afin de nous l’apporter et de nous le faire entendre, pour que nous le mettions en pratique ? » 13 Il n’est pas de l’autre côté de la mer, pour que tu dises : « Qui passera pour nous de l’autre côté de la mer afin de nous l’apporter et de nous le faire entendre, pour que nous le mettions en pratique ? » 14 Cette parole, au contraire, est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique.

Paul évoque la parole de la foi, par opposition à celle de la loi. Il explicite cette parole de la foi, en citant le Deutéronome, qui parle … de la loi ! Il fallait un apôtre pour oser ce rapprochement, autrement on aurait crié à la mauvaise exégèse.

Que dire alors ? Paul s’est-il égaré ? Le penser, ce serait sous-estimer l'apôtre. La parole de Moïse que rapporte le Deutéronome met l’accent sur la grâce de Dieu qui a donné une parole, un commandement à son peuple. Ce n’est pas la peine de monter au ciel ou de traverser la mer pour la trouver – elle est là, confiée au peuple, prête à l’emploi. C’est une faveur de Dieu, qui n’est pas donnée à tous les peuples de la terre. Cette loi est donc expression de la grâce de Dieu.

La grâce de Dieu s’est encore démultipliée dans la venue du Fils. Le Messie est venu, il est mort et ressuscité, et monté auprès du Père, rendant le salut accessible à la seule foi. Vouloir monter au ciel, c’est méconnaître que le Fils y est déjà. Vouloir descendre dans l’abîme, c’est méconnaître que le Fils y a été, et n’y est plus. Non, pour trouver le salut, c’est beaucoup plus simple : la foi suffit. Nous sommes donc dans le prolongement, et dans l’amplification de la grâce de Dieu, qui était déjà offerte dans le régime de la loi, et qui surabonde dans l’Evangile.

C’est ainsi que je comprends le rapprochement qu’opère Paul, et il me semble qu’en nous obligeant à ce détour, l’apôtre nous a aidé à mieux apercevoir comment s'agence l’histoire du salut.

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